Du cerveau au corps tout entier — en passant par le langage et la gestuelle — et du corps social à l’environnement — en passant par la musique, la danse, le cinéma, la physique et l’astronomie —, le rythme est une notion qui traverse des territoires multiples.
Les rencontres intersectorielles sur le rythme s’adressent à tous ceux qui s’intéressent aux notions partagées par les différents champs disciplinaires. Elles visent à permettre aux chercheurs de l’Université de Montréal qui travaillent sur la notion de rythme de connaître d’autres chercheurs, de discuter avec eux des enjeux de leurs recherches et de trouver parmi eux d’éventuels collaborateurs.
Ces premières rencontres intersectorielles, qui ont pour thème le rythme perçu (musical, cinématographique, cardiaque) et le rythme non perçu (sommeil, cerveau, particules), inaugurent un programme de recherche qui sera officiellement lancé à l’automne 2019 et qui réunira les lauréats des cinq prix Killam 2018 (en génie, en sciences humaines, en sciences naturelles, en sciences sociales et en sciences de la santé) dans le cadre d’une collaboration transdisciplinaire et intersectorielle inédite.
La vice-rectrice à la recherche, à la découverte, à la création et à l’innovation, Marie-Josée Hébert, le titulaire de la Chaire de recherche du Canada en études cinématographiques et médiatiques, André Gaudreault (Prix Killam en sciences humaines 2018), et le directeur du laboratoire CinéMédias, Santiago Hidalgo, ont organisé cet événement pour susciter des rencontres entre chercheurs d’horizons différents et favoriser le développement de nouvelles initiatives intersectorielles.
L’animation de l’événement est assurée conjointement par Julie Carrier (vice-rectrice associée à la recherche et aux études), Thomas Carrier-Lafleur (stagiaire postdoctoral Banting au Laboratoire CinéMédias) et André Gaudreault.
Dans le cadre des grandes conférences de la Chaire de recherche du Canada en études cinématographiques et médiatiques
Vladimir Hachinski
C. M., M. D., FRCPC, D.Sc., MSRC
Titulaire de quatre doctorats honoris causa
Prix Killam 2018 en sciences de la santé
Neurologue et professeur distingué de l’Université Western (Western University, London, Ontario)
LA NEUROGNOSIS : UNIR LES ARTS ET LES SCIENCES PAR LA CONNAISSANCE DU CERVEAU
Nous sommes notre cerveau, comme l’a reconnu Hippocrate il y a plus de 2 500 ans. Notre cerveau détermine toutes nos expériences et toutes nos actions.
Le travail du Dr Vladimir Hachinski consiste à diagnostiquer, à traiter et à prévenir les accidents cérébraux. Adolescent, il souffrait de migraines avec aura. Fasciné par ce phénomène, il a étudié les symptômes visuels de la migraine pendant sa deuxième année de résidence en neurologie. La publication de ses résultats l’a amené à rencontrer le neurologue Oliver Sacks, qui venait d’écrire un livre sur la migraine dans lequel il suggérait que les visions de sainte Hildegarde étaient en fait des auras visuelles. Le Dr Sacks s’avéra par la suite l’interprète par excellence des manifestations captivantes du cerveau, sain ou malade, qu’il décrivit dans une abondante et brillante production littéraire.
Le Dr Hachinski a centré sa pratique médicale sur les attaques cérébrales et la démence, en s’intéressant au contrôle que le cerveau exerce sur le cœur. Il en
vint ainsi à se pencher sur le « syndrome du cœur brisé », caractérisé par une déformation du cœur causée par une forte émotion négative. La lecture d’un poète grec et d’un auteur romain l’amenèrent à faire l’hypothèse — aujourd’hui confirmée — qu’une forte émotion positive pouvait provoquer le même résultat. Une attaque cérébrale peut entraîner la perte de la parole, sans affecter l’expression musicale : le Dr Hachinski a lui-même été témoin de ce phénomène, d’abord décrit par Linné au XVIIIe siècle, en écoutant à Trieste une chorale d’aphasiques.
Le Dr Hachinski a composé une valse, orchestrée par Jason Stanford, et cherche à étudier le modèle cérébral du rythme à trois temps présent dans la musique et les poèmes épiques. Son intérêt pour le rythme l’a amené à constater que les lauréats du prix Killam 2018 — un physicien des particules, un ingénieur en biomécanique, une psychologue du développement, un neurologue et un chercheur en cinéma — partagent un intérêt commun pour le rythme en tant que principe organisationnel de base dans leurs domaines respectifs. Des études approfondies pourraient mettre au jour des liens insoupçonnés entre les rythmes de l’univers physique et ceux du cerveau, aussi bien qu’entre les rythmes du cerveau et ceux de la musique, du cinéma, de la parole et des mouvements du corps.
Le savoir s’accumule en fragments, mais c’est en modèles qu’il se décode. La neurognosis est la recherche des principes de base qui se cachent derrière la déroutante diversité des arts et des sciences. La compréhension des liens que ces deux domaines en apparence hétérogènes entretiennent avec le cerveau pourrait fournir des concepts unificateurs susceptibles de se développer en un langage commun, une méthode scientifique commune et des recherches communes qui contribueraient à enrichir notre savoir et nos vies.
LA NEUROGNOSIS : UNIR LES ARTS ET LES SCIENCE PAR LA CONNAISSANCE DU CERVEAU
Conférence du Dr Vladimir Hachinski
10 h 30 – 12 h | Salle 1150
LA CRIÉE DES AFFICHISTES!
12 h – 14 h | Hall d’entrée et salle 1120
Séance d’affichage et buffet
Participants
- Laboratoire CinéMédias (Santiago Hidalgo, Justine Chevarie-Cossette, Caroline Martin et Charlotte Dronier)
- BRAMS (Hugo Laflamme)
- OICRM (Sylvain Caron)
- Laboratoire de recherche sur le geste musicien (Caroline Traube)
- CÉAMS (Solenne Van der Maren- Paquet, Cloé Blanchette-Carrière et Nadia Gosselin)
- CoCo Lab (Karim Jerbi, Ola Choukair, Ana-Sofía Hincapié, Antoine Bellemare Pepin et Yann Harel)
À CHACUN SON RYTHME!
14 h – 15 h 30 | Salle 1150
Table ronde sur les enjeux et les défis de l’intersectorialité
Intervenants
- Simone Dalla Bella, codirecteur du BRAMS (Laboratoire international de recherche sur le cerveau, la musique et le son) et professeur titulaire au Département de psychologie de l’Université de Montréal
- Santiago Hidalgo, directeur
- du Laboratoire CinéMédias et professeur associé au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’Université de Montréal
- Bruno Poellhuber, directeur du Centre de pédagogie universitaire (CPU) et professeur agrégé au Département de psychopédagogie et d’andragogie de l’Université de Montréal
- Isabelle Raynauld, professeure titulaire au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’Université de Montréal
- Bonnie Swaine, professeure titulaire à l’École de réadaptation de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal